
Contrairement à l’idée reçue, une activité ludo-éducative réussie ne vise pas à « camoufler » l’apprentissage dans le jeu. Sa véritable force est de révéler la richesse pédagogique déjà présente dans le jeu authentique. L’enjeu n’est pas de transformer le jeu en école, mais de reconnaître que le jeu, lorsqu’il est libre et soutenu par un environnement riche, est la forme la plus naturelle et puissante d’apprentissage pour l’enfant.
En tant que parent ou éducateur, la promesse du « ludo-éducatif » est séduisante : et si l’on pouvait faire rimer apprentissage avec plaisir, et devoirs avec découvertes ? Rapidement, une crainte émerge : celle de dénaturer le jeu, de le transformer en une version édulcorée de l’école et, au final, de dégoûter l’enfant. On se retrouve alors à collectionner des jeux estampillés « éducatifs » qui finissent par prendre la poussière, car l’enfant, lui, ne s’y trompe pas. Il sent l’intention pédagogique déguisée, l’injonction à la performance qui se cache derrière les couleurs vives.
Cette approche, qui consiste à voir le jeu comme un simple enrobage pour faire passer la pilule du savoir, est une impasse. Elle repose sur une vision erronée de l’apprentissage et du jeu lui-même. Et si la véritable clé n’était pas de déguiser l’école en jeu, mais de comprendre et de révéler l’école qui se cache naturellement dans chaque jeu ? C’est le changement de posture que nous vous proposons : passer du parent-professeur qui cherche à « faire apprendre », au parent-observateur qui crée les conditions pour que l’enfant apprenne par lui-même, mû par son propre plaisir.
Cet article n’est pas une liste d’astuces pour rendre les maths amusantes. C’est un guide pour changer de regard. Nous allons d’abord distinguer le jeu éducatif de l’activité ludo-éducative. Puis, nous explorerons comment la logique, le langage et les compétences sociales s’épanouissent à travers des activités concrètes, avant de vous donner les clés pour choisir des jeux et du matériel qui soutiennent réellement cet apprentissage organique.
Pour naviguer à travers cette philosophie et ses applications pratiques, voici les grandes étapes de notre exploration. Chaque section vous apportera un éclairage nouveau pour accompagner avec justesse et sérénité les découvertes de votre enfant.
Sommaire : Le guide pour révéler l’apprentissage caché dans le jeu
- Jeu éducatif vs activité ludo-éducative : la nuance qui change tout pour l’envie d’apprendre de votre enfant
- Faire des maths avec des legos et des pâtes : 7 activités pour développer la logique des tout-petits
- La fabrique à histoires : des jeux de langage pour donner le goût des mots à vos enfants
- L’école de la vie autour d’un plateau : ce que les jeux de société apprennent à votre enfant (et que l’école ne lui apprendra pas)
- Le monde est un terrain de jeu : comment transformer une simple balade en forêt en expédition scientifique
- Au-delà de la boîte : les 5 compétences à regarder pour savoir si un jeu est vraiment adapté à votre enfant
- La check-list pour ne pas se tromper : qu’est-ce qu’un bon matériel pédagogique (et qu’est-ce qui ne l’est pas) ?
- Soutenir les apprentissages à la maison : le guide pour choisir du matériel pédagogique réellement efficace
Jeu éducatif vs activité ludo-éducative : la nuance qui change tout pour l’envie d’apprendre de votre enfant
La confusion entre « jeu éducatif » et « activité ludo-éducative » est au cœur du malentendu. Le premier est souvent un exercice scolaire déguisé. Son objectif est externe à l’enfant : il doit apprendre les lettres, les chiffres, les couleurs. Le plaisir est un bonus, pas le moteur. L’activité ludo-éducative, elle, part du principe inverse : l’enfant ne joue pas pour apprendre, il apprend parce qu’il joue. Le point de départ est son élan vital, sa curiosité, son plaisir. L’apprentissage est une conséquence heureuse et naturelle de son engagement dans l’activité.
Cette distinction n’est pas qu’une simple coquetterie sémantique, elle est fondamentale. Forcer un objectif d’apprentissage sur une activité ludique, c’est prendre le risque de tuer l’envie même de jouer. L’enfant sent qu’il est évalué, qu’il y a une « bonne » et une « mauvaise » façon de faire. L’activité ludo-éducative, au contraire, fait confiance à l’intelligence de l’enfant et à la richesse du jeu. Elle crée un cadre où l’erreur est une information, pas un échec, et où l’exploration est plus valorisée que le résultat.
Les neurosciences confirment cette intuition. Pour qu’un apprentissage soit efficace et durable, il doit reposer sur quatre piliers. D’après les recherches en neurosciences appliquées à l’éducation, ces piliers sont : l’attention, l’engagement actif, le retour d’information et la consolidation. Un jeu qui passionne l’enfant mobilise naturellement ces quatre piliers. Son attention est totale, il est acteur de son jeu, il reçoit un feedback immédiat (la tour de cubes s’écroule ou tient debout) et il répète l’action par plaisir, consolidant ainsi ses acquis sans même s’en apercevoir.
Cette approche a mené à la création de jeux spécifiquement conçus pour entraîner des compétences cognitives de fond. Le laboratoire LaPsyDÉ (CNRS Sorbonne) a par exemple collaboré avec Nathan pour développer des jeux qui ciblent la flexibilité cognitive. Le principe est simple mais puissant : l’enfant doit appliquer une règle, puis la changer ou l’inverser, ce qui l’oblige à exercer son contrôle inhibiteur, une compétence clé pour tous les apprentissages futurs. L’objectif n’est pas d’apprendre une notion, mais de « muscler » le cerveau.
En adoptant cette posture, on ne cherche plus à « faire entrer » le savoir dans la tête de l’enfant, mais on lui donne les clés pour construire son propre savoir, avec enthousiasme et confiance.
Faire des maths avec des legos et des pâtes : 7 activités pour développer la logique des tout-petits
Les mathématiques ne commencent pas avec les chiffres écrits sur un cahier, mais avec la manipulation, la classification et la logique. Avant de savoir compter, un enfant a besoin de comprendre ce qu’est une quantité, une séquence, une forme. Et pour cela, les objets du quotidien sont des outils bien plus puissants que n’importe quelle application sur tablette. Les Legos, les pâtes, les cailloux ou même le linge à trier deviennent les supports d’un apprentissage mathématique organique et profondément ancré dans le réel.
L’idée n’est pas de dire « maintenant, nous allons faire des maths », mais d’inviter au jeu. « Et si on triait toutes les pâtes qui se ressemblent ? » ou « Construisons la plus haute tour possible ! ». C’est dans l’action, la manipulation et la résolution du petit défi ludique que la pensée logique se structure. Le rôle de l’adulte n’est pas d’être un professeur, mais un partenaire de jeu, un facilitateur qui verbalise et questionne : « Tiens, cette tour est plus large à la base, est-ce pour ça qu’elle est plus solide ? ».
Voici quelques exemples d’activités simples qui développent la pensée logico-mathématique sans jamais prononcer le mot « exercice » :

Comme le montre cette image, le simple fait de manipuler et d’organiser des objets familiers est une activité riche de sens. Elle engage la motricité fine, la concentration et la capacité à établir des critères. Ces activités sont la véritable base de la logique :
- Trier et classifier : Utiliser des pâtes de différentes formes ou des chaussettes par couleur pour créer des ensembles selon une caractéristique. C’est la base de la théorie des ensembles.
- Construire des algorithmes : Créer des tours de Lego ou des colliers de perles en suivant une séquence de couleurs (rouge-bleu-rouge-bleu…). L’enfant crée son premier algorithme.
- Comprendre les quantités : Jouer à la marchande avec de vraies pièces de monnaie ou des jetons pour manipuler des quantités, faire des échanges et comprendre la notion de valeur.
- Explorer l’espace : Mettre en place un parcours moteur dans le salon (« Passe sous la table, puis derrière le fauteuil ») pour intégrer les notions spatiales.
- Mesurer et comparer : Compter les marches d’escalier en montant, comparer la taille de différents bâtons, aligner des voitures du plus petit au plus grand.
En intégrant ces micro-activités dans le quotidien, vous ne faites pas « faire des maths » à votre enfant. Vous lui donnez l’occasion de découvrir par lui-même les principes mathématiques qui régissent le monde qui l’entoure.
La fabrique à histoires : des jeux de langage pour donner le goût des mots à vos enfants
Avant d’être une compétence scolaire, le langage est un outil de connexion, d’imagination et d’expression de soi. Le goût des mots ne naît pas dans la contrainte de l’écriture, mais dans le plaisir de raconter, d’écouter, d’inventer et de jouer avec les sonorités. Les jeux de langage, bien loin des exercices de grammaire, sont une invitation à explorer cet univers fascinant. Ils permettent à l’enfant de s’approprier la langue comme un terrain de jeu infini, où il peut être tour à tour poète, conteur ou comédien.
La clé, encore une fois, est de suivre le désir de l’enfant. Comme le souligne une observation sur l’apprentissage précoce, le moteur principal est l’envie :
Les enfants peuvent apprendre à lire en jouant avec les mots à 4 ans. D’eux-mêmes, leur attention a été attirée par les mots parce qu’ils y ont trouvé du sens. Le processus d’apprentissage de la lecture chez chaque enfant est unique, il dépend essentiellement de son désir d’apprendre à lire et du contexte qui le favorise.
Ce témoignage est éclairant : notre rôle n’est pas de « pousser » l’enfant vers la lecture, mais de créer un contexte riche et stimulant qui éveille son désir. Les jeux d’imitation, par exemple, sont une mine d’or. En jouant au docteur ou à la poupée, l’enfant structure sa pensée et son récit. Si l’adulte participe en nommant les objets et les actions (« Je vois que tu mets une chemise bleue à ton poupon »), il enrichit le vocabulaire de l’enfant de manière totalement naturelle et intégrée au jeu.
La « fabrique à histoires » peut prendre de multiples formes. Cela peut être un jeu de cartes avec des images à piocher pour inventer un récit, une « boîte à mots » où l’on tire des papiers pour construire des phrases rigolotes, ou simplement le jeu du « cadavre exquis » oral en voiture. L’objectif n’est pas de produire une histoire parfaite, mais de libérer la parole et la créativité. Ces moments de complicité ancrent le langage dans une émotion positive, loin de la pression de la performance scolaire.
En nourrissant cet amour des mots par le jeu, vous offrez à votre enfant le plus beau des cadeaux : la capacité de penser, de rêver et de partager son monde intérieur. La maîtrise technique de la lecture et de l’écriture en découlera ensuite avec beaucoup plus de facilité et de sens.
L’école de la vie autour d’un plateau : ce que les jeux de société apprennent à votre enfant (et que l’école ne lui apprendra pas)
Le jeu de société est un microcosme social, une véritable salle de classe pour les compétences de la vie. Bien au-delà de la simple distraction, il est un formidable laboratoire où l’enfant apprend à gérer des émotions complexes, à interagir avec les autres, et à développer des stratégies. Ces compétences, souvent qualifiées de « transversales », sont pourtant fondamentales pour son équilibre et sa réussite future. Ce sont précisément ces choses que le cadre scolaire, plus axé sur les savoirs académiques, a parfois du mal à transmettre.
Comme le résume parfaitement une figure majeure du secteur, le jeu de société a une portée qui dépasse largement le simple divertissement. Selon Stéphane Carville, Président d’Asmodee Research, lors d’une conférence, il faut voir plus loin :
Le jeu de société, outre son caractère ludique, peut jouer un véritable rôle dans notre société, qu’il soit éducatif, social ou à visée clinique.
– Stéphane Carville, Conférence Asmodee Research
Autour d’un plateau, l’enfant apprend concrètement à :
- Gérer la frustration : Perdre un pion, piocher une mauvaise carte, voir sa stratégie échouer… Le jeu est une suite de micro-frustrations qui apprennent à l’enfant la résilience et l’acceptation des règles et du hasard.
- Attendre son tour : Dans un monde d’immédiateté, le simple fait d’attendre son tour est un exercice de patience et de contrôle de soi.
- Coopérer : Les jeux coopératifs, de plus en plus populaires, sont une école d’intelligence collective. L’enfant apprend à communiquer, à élaborer une stratégie commune et à célébrer une victoire d’équipe.
- Faire des choix et en assumer les conséquences : Chaque décision a un impact sur la partie. L’enfant apprend à anticiper, à planifier et à ajuster sa stratégie.

Le succès des jeux coopératifs illustre bien cette tendance. Des titres comme « Nom d’un renard » ou « Zombie Kidz Evolution » sont plébiscités car ils mettent l’accent sur l’entraide plutôt que la compétition. Comme le souligne une analyse des jeux les plus populaires, ils permettent aux enfants de développer la coopération et la résolution de problèmes dans un cadre ludique et sécurisant. On ne gagne pas contre les autres, mais avec les autres, contre le jeu lui-même.
En partageant régulièrement une partie de jeu de société en famille, vous n’offrez pas seulement un moment de détente. Vous mettez en place un rituel puissant de connexion et un formidable outil de développement personnel pour votre enfant.
Le monde est un terrain de jeu : comment transformer une simple balade en forêt en expédition scientifique
Le plus grand des laboratoires, le plus riche des musées, se trouve juste sous nos pieds : c’est la nature. Une simple balade en forêt, une promenade sur la plage ou même l’observation du jardin peuvent devenir de passionnantes expéditions scientifiques, à condition de changer de posture. Il ne s’agit pas de transformer la nature en salle de classe, mais d’adopter une posture d’explorateur et de s’émerveiller avec l’enfant des trésors qu’elle recèle. Le but n’est pas de tout savoir, mais de tout questionner.
L’équipement de l’explorateur moderne est simple : une loupe pour voir l’infiniment petit, un carnet pour dessiner ses trouvailles, et un smartphone. Aujourd’hui, la technologie, loin d’être un ennemi de la nature, peut devenir un formidable allié. Des applications de sciences participatives, souvent développées par des organismes de recherche prestigieux comme le Muséum National d’Histoire Naturelle, permettent d’identifier une plante, un oiseau ou un insecte en quelques clics. L’enfant devient alors un contributeur à la recherche scientifique, ce qui est incroyablement valorisant.
Voici une sélection d’applications françaises qui transforment l’observation en science. Elles sont une excellente porte d’entrée pour initier les enfants à la démarche scientifique : observer, identifier, partager. Comme le montre une analyse des outils ludo-éducatifs, ces plateformes sont conçues pour être accessibles et engageantes.
| Application | Organisme | Type d’activité | Âge recommandé |
|---|---|---|---|
| PlantNet | INRIA/CIRAD | Identification de la flore | Dès 7 ans avec un adulte |
| INPN Espèces | Muséum National d’Histoire Naturelle | Observation de la faune | Dès 8 ans |
| BirdLab | Muséum/Vigie Nature | Étude du comportement des oiseaux | Dès 6 ans |
Au-delà des applications, c’est l’intention qui transforme la balade. En donnant une « mission » à l’enfant (« Essayons de trouver 5 types de feuilles différentes ! »), on canalise son attention et on stimule sa curiosité. La collecte d’échantillons (marrons, pommes de pin, cailloux) permet ensuite de prolonger l’exploration à la maison en créant un « cabinet de curiosités ».
Votre plan d’action pour une expédition scientifique réussie
- Préparer la mission : Créez un « carnet d’explorateur » avec des cases à cocher pour les trésors à trouver (une feuille en forme d’étoile, une plume, une pierre brillante…).
- Lancer un défi de pistage : Cherchez des indices de présence animale comme des empreintes, des noisettes rongées ou des terriers.
- Organiser la collecte : Prenez un sac ou une boîte à œufs pour collecter des échantillons (fleurs, roches, écorces) en vue de créer un herbier ou une collection.
- Changer d’échelle : Munissez-vous d’une loupe pour observer les nervures d’une feuille, la texture d’une mousse ou les insectes sur une fleur.
- Intégrer la technologie : Utilisez une application comme PlantNet pour identifier 5 espèces de plantes ou d’arbres que vous ne connaissiez pas.
Ainsi, chaque sortie devient une occasion unique de se connecter à la nature, d’aiguiser son sens de l’observation et d’intégrer des notions de biologie, de géologie et d’écologie de la manière la plus vivante qui soit.
Au-delà de la boîte : les 5 compétences à regarder pour savoir si un jeu est vraiment adapté à votre enfant
Face à un rayon de jeux de société, le premier réflexe est souvent de regarder l’âge indiqué, le thème et l’esthétique de la boîte. Si ces éléments sont importants, ils sont loin d’être suffisants pour évaluer la véritable richesse d’un jeu. Un bon jeu ludo-éducatif ne se contente pas d’être « amusant » ou « joli ». Il doit solliciter et développer des compétences cognitives profondes, qui serviront de socle à tous les autres apprentissages.
Les recherches en psychologie du développement, notamment celles menées en France par le LaPsyDÉ, mettent en lumière l’importance des fonctions exécutives. Ces fonctions sont en quelque sorte le « chef d’orchestre » de notre cerveau. Elles nous permettent de nous adapter, de planifier et de nous concentrer. On en distingue trois, intimement liées, qu’un bon jeu doit stimuler :
- Le contrôle inhibiteur : La capacité à résister à ses impulsions, à attendre son tour, à ne pas faire ce qui vient immédiatement à l’esprit pour suivre une stratégie.
- La flexibilité cognitive : L’aptitude à changer de règle, à s’adapter à une nouvelle situation, à voir un problème sous un autre angle.
- La mémoire de travail : La capacité à retenir plusieurs informations en même temps pour les utiliser (se souvenir de ses cartes, des actions des autres joueurs, et de l’objectif final).
Lorsque vous choisissez un jeu, posez-vous la question : « Est-ce que ce jeu va ‘muscler’ l’une de ces trois fonctions ? ». Au-delà de ces fonctions exécutives, cinq critères permettent d’évaluer la qualité d’un jeu :
- L’accessibilité : Les règles sont-elles simples et rapides à expliquer ? Le plaisir de jouer doit être quasi-immédiat, surtout pour les plus jeunes.
- La profondeur stratégique : Le jeu offre-t-il de vrais choix ? Ou le hasard est-il le seul maître ? Un bon jeu permet à l’enfant de voir l’impact de ses décisions.
- La rejouabilité : Le jeu est-il différent à chaque partie ? La variété des situations, des objectifs ou des éléments de jeu est un gage de longévité.
- La qualité de l’interaction : Le jeu encourage-t-il les échanges (négociation, coopération, bluff) ou les joueurs jouent-ils chacun dans leur coin ?
- Le potentiel de progression : Le jeu permet-il à l’enfant de devenir meilleur, d’affiner ses stratégies au fil des parties ?
Le jeu « Draftosaurus », par exemple, coche de nombreuses cases : il est immédiatement accessible, mais le choix de placement des dinosaures offre une vraie dynamique interactive et la variété des objectifs renouvelle l’expérience à chaque partie. Ce n’est pas un hasard s’il a été primé.
En apprenant à regarder « sous le capot » d’un jeu, vous ferez des choix beaucoup plus pertinents, qui nourriront l’intelligence de votre enfant sur le long terme.
La check-list pour ne pas se tromper : qu’est-ce qu’un bon matériel pédagogique (et qu’est-ce qui ne l’est pas) ?
Le terme « matériel pédagogique » peut faire peur, évoquant des objets austères et très scolaires. Pourtant, dans une approche inspirée de Montessori, le matériel est avant tout beau, sensoriel et intelligent. Sa conception n’est jamais le fruit du hasard. Un bon matériel est conçu pour isoler une seule difficulté à la fois, permettre à l’enfant de s’auto-corriger et l’inviter à la manipulation répétée, essentielle à la consolidation de l’apprentissage.
Aujourd’hui, le marché est inondé de produits qui se parent de l’étiquette « pédagogique » ou « Montessori » à des fins purement marketing. Il est donc crucial d’apprendre à distinguer un matériel de qualité, pensé pour le développement de l’enfant, d’un simple gadget coloré. Un matériel bruyant, clignotant, qui fait tout à la place de l’enfant, est l’antithèse d’un bon support pédagogique. Il sur-stimule et rend l’enfant passif, là où un matériel de qualité l’invite à être l’acteur de sa propre découverte.
Le tableau suivant résume les points clés à observer pour faire un choix éclairé, en se basant sur une analyse des critères d’un matériel de qualité.
| Critère | Bon matériel pédagogique | Piège marketing |
|---|---|---|
| Matériaux | Bois massif, matières nobles et durables | Plastique coloré, électronique fragile |
| Polyvalence | Utilisations multiples et créatives possibles | Usage unique, scénario fermé |
| Autocorrection | L’enfant peut vérifier seul son erreur | Nécessite une validation adulte constante |
| Évolutivité | Grandit avec l’enfant (ex: de 3 à 10 ans) | Limité à une tranche d’âge très précise |
| Esthétique | Sobre, épuré, met en valeur la notion | Sur-stimulant (sons, lumières, couleurs vives) |
Au-delà de ces critères, un bon matériel doit être un appel à l’action. Quand l’enfant le voit, il doit avoir envie de le toucher, de le manipuler. Il doit également permettre le détournement créatif. Si un jeu de construction ne peut servir qu’à faire un seul modèle, sa valeur pédagogique est limitée. Si, au contraire, il peut devenir une maison, un vaisseau spatial ou une créature fantastique, alors son potentiel est immense. C’est un point fondamental : le matériel doit servir l’imagination de l’enfant, et non la brider.
Investir dans un matériel de qualité, c’est faire le pari de la durabilité, de la polyvalence et de l’autonomie de l’enfant. C’est un investissement qui se transmet et qui nourrit l’intelligence sur plusieurs années, bien loin de la consommation éphémère des jouets à la mode.
À retenir
- Le plaisir est le moteur : L’apprentissage le plus efficace est celui qui naît de la curiosité et de l’engagement volontaire de l’enfant, pas d’une contrainte déguisée.
- L’adulte est un facilitateur : Votre rôle n’est pas d’enseigner, mais de créer un environnement riche, d’observer, de questionner et de faire confiance à l’intelligence du jeu.
- Les compétences de vie avant tout : Le ludo-éducatif développe la coopération, la gestion des émotions et la flexibilité cognitive, des compétences aussi cruciales que les savoirs académiques.
Soutenir les apprentissages à la maison : le guide pour choisir du matériel pédagogique réellement efficace
Soutenir les apprentissages à la maison ne signifie pas recréer l’école dans le salon. C’est avant tout une question de posture et d’environnement. Il s’agit de cultiver un climat où la curiosité est encouragée, où les questions sont les bienvenues et où l’erreur est perçue comme une étape normale et nécessaire du processus d’apprentissage. Le choix du matériel et des jeux qui peuplent l’environnement de l’enfant est une extension de cette philosophie. Moins, mais mieux : voilà le credo à adopter.
Plutôt que d’accumuler une multitude de jouets mono-tâches, privilégiez des matériaux « ouverts » qui peuvent être utilisés de mille et une manières. Des blocs de construction en bois, de l’argile, du sable, des tissus, des figurines neutres… Ces matériaux non-directifs sont de puissants catalyseurs d’imagination. Ils ne disent pas à l’enfant « comment » jouer, et c’est précisément ce qui lui permet de développer sa créativité, sa capacité de planification et sa résolution de problèmes. Un simple ensemble de cubes en bois peut devenir une ville, un château, une formule mathématique ou un support pour raconter une histoire.
Le choix doit aussi être guidé par la recherche de moments de qualité partagés. Un jeu qui rassemble parents et enfants autour d’une table pour créer des histoires, comme le récent « Et puis Voilà… », est infiniment plus riche qu’un jeu électronique solitaire. Dans ce jeu de société, les joueurs lancent des dés pour piocher des tuiles (lieu, personnage, objet) et tisser ensemble un récit. Le concept coche toutes les cases de l’expérience ludo-éducative réussie : il stimule le langage et l’imagination tout en renforçant les liens familiaux dans un moment de tendresse et de rire partagé.
En fin de compte, le matériel le plus efficace est celui qui est utilisé, aimé et qui grandit avec l’enfant. Il doit être une invitation au jeu, et non une contrainte. Faites confiance à votre intuition et, surtout, à l’intérêt de votre enfant. Observez ce vers quoi il se tourne naturellement, et cherchez à enrichir cette direction plutôt que d’en imposer une nouvelle.
En adoptant cette approche réfléchie, vous créerez à la maison un écosystème d’apprentissage bienveillant et stimulant, où votre enfant pourra s’épanouir en toute confiance et à son propre rythme.
Questions fréquentes sur les activités ludo-éducatives
Comment les jeux d’imitation développent-ils le vocabulaire ?
Lorsque l’enfant joue à imiter des scènes de la vie (la poupée, le docteur, la marchande), il se raconte des histoires. Si l’adulte participe en nommant les objets ou les actions (« Je vois que tu mets une chemise, un pantalon… »), il donne à l’enfant les mots précis. L’enfant peut alors intégrer ce nouveau vocabulaire et le réutiliser dans ses propres récits, enrichissant ainsi son langage de manière naturelle et contextuelle.
Pourquoi éviter de dire à l’enfant qu’il va apprendre avec un jeu ?
Parce qu’un enfant ne joue pas dans le but d’apprendre, mais il apprend comme une conséquence de son jeu. Annoncer un objectif d’apprentissage risque de transformer le jeu en travail et de tuer la motivation intrinsèque de l’enfant. Il faut lui proposer des activités variées, mais le laisser libre de les explorer sans chercher à en tirer une « leçon ». Le plaisir de jouer doit rester le seul moteur, sous peine de le dégoûter.
À partir de quel âge commencer les jeux de langage ?
Dès les premiers mois. Entre 0 et 3 ans, le développement de l’enfant est spectaculaire. Durant ses 1000 premiers jours, son cerveau est extrêmement plastique et sa sensorialité est aiguë, ce qui lui permet de mémoriser très rapidement. Utiliser le jeu comme support (chanter des comptines, nommer les objets, lire des histoires) est la meilleure façon d’accompagner l’éveil au langage du tout-petit.